6 mois ! Episode 5

Bulgarie slow and curious famille bouhier pillot
6 Mar

6 mois ! Episode 5

6 mois ! Episode 5

Le 30 janvier, on a eu six mois ! Six mois qu’on a quitté maison, amis, famille, travail, école, activités, douche chaude et Saint Nectaire. Six mois qu’on voyage à travers le continent.
Pour ce bilan, on a reçu toutes vos questions !
Alors, on va essayer de vous répondre honnêtement.

Dans cet épisode :

  • Est-ce que les enfants profitent de cette expérience comme vous l’avez rêvé, imaginé ?
  • Les gars sont-ils les plus heureux du monde ? Est-ce qu’ils apprécient cette parenthèse dans leur vie ?
  • Est-ce que les copains et la famille leur manquent ?
  • Mais où sont passés les cheveux de Noé ?
  • Est-ce que vous vous sentez bien dans cette vie de nomade ?

C’est parti !

« Est-ce que les enfants profitent de cette expérience comme vous l’avez rêvé, imaginé ? »

Vero : Au départ, il y a un idéal éducatif et politique : montrons leur le monde loin des clichés entretenus par les médias et vivons une expérience familiale qui nous rapproche ! Rapprochons les de la nature et de la simplicité. Semons enfin en eux la curiosité qui les guidera toute la vie.
Ca c’est les idéaux hein… parce que dans les faits, ça ne marche pas à tous les coups : « Hein, quoi, on va visiter encore un truc ? » « On est obligés là d’aller se balader ? » « Ah si on avait un four, dix ordis, trois jaccuzis et un 4X4 !! »
Mais il y a un truc qui nous a épatés les premiers mois : leur incroyable capacité à s’adapter à tout !
Et il y a des moments de grâce où on prend conscience de tout ce qu’ils ont découvert, appris, expérimenté.
Bon, ils profitent aussi de nos coups de gueule, de nos coups de déprime, de nos doutes et stress divers et variés et parfois, on se dit « Oh les pauvres ! » C’est toute la richesse d’une vie à quatre à haute dose : ils savent que l’adulte n’est pas monobloc mais un être ordinaire de chair et d’émotion en chantier permanent !

Manu : j’avais pas trop idéalisé comment ils allaient profiter du voyage. Biensûr j’espérais qu’il trouve un intérêt aux visites, aux randos, qu’ils se mettraient à l’instruction avec entrain et soif d’apprendre. Globalement c’est bien le cas, ils ont bien aimé Schönbrunn, le musée du Danube, le delta du Danube, le palais de Topkapi, les sites grecs… C’est plutôt sur l’instruction où parfois c’est difficile de les motiver. Je trouve qu’ils profitent  du voyage à leur manière, dans les rencontres avec les autres enfants, dans les collections d’objets inutiles élevés au rang de trésor inestimable, dans les histoires incroyables qu’ils s’inventent en faisant un mélange du voyage, de leurs lectures, des films… A travers leur voyage, je revis la façon dont je profitais des voyages quand j’étais enfant : pêcher en Mazurie, chercher de l’or en Norvège, ramasser de l’ambre à Gdansk, lécher les parois d’une mine de sel… pour eux j’avais déjà ça en tête donc ils en profitent comme je l’avais imaginé.

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« Les gars sont-ils les plus heureux du monde ? Est-ce qu’ils apprécient cette parenthèse dans leur vie ? »

Véro : Notre vie est leur normalité en fait. Ils éprouvent des grandes joies et des frustrations, des déceptions, des colères, des tristesses. Je ne sais pas comment mettre ça sur une échelle qui permettrait de déterminer s’ils sont les plus heureux du monde. Ça me dépasse autant que le concept de meilleur ami. J’aime chacun-e de mes ami-e-s pour qui il est mais je me verrais mal en mettre un au top du top pour en faire mon-ma meilleur-e ami-e.
On essaie de faire en sorte qu’ils aient une bonne estime d’eux-mêmes, qu’ils connaissent leur propre valeur, qu’ils croient en leurs rêves. On sème et on espère qu’ils s’envoleront bien équipés.
Et puis je ne crois pas que ce voyage soit une parenthèse dans leur vie. C’est des souvenirs et des expériences pour la vie !

Manu : Les plus heureux du monde peut-être pas mais heureux oui. Je pense qu’ils se sentent bien dans ce genre de vie, Joseph peut lire à foison, Noé peut s’inventer ses histoires abracadabrantesques, on change de paysage tous les jours, ils ont papa et maman tous les jours. Bon des fois c’est peut-être pas drôle papa et maman et ils aimeraient bien avoir des copains pour avoir des échanges d’enfants… J’ai pris conscience dans ce voyage que la relation enfant-adulte pouvait être aussi stressante pour eux que pour moi… Les codes ne sont pas les même, les finalités ne sont pas les mêmes… on est presque devant une problématique d’interculturalité ! C’est aussi pour ça qu’on essaie de rencontrer des familles francophones : pour qu’ils aient leur dose de relation enfant – enfant.

 

« Est-ce que les copains et la famille leur manquent ? »

Véro : Oui, régulièrement ! Noé imagine souvent ce qu’il fera avec ses copains au retour. Joseph a des coups de cafard, de mal du pays et a tendance à se replier. On l’invite à écrire à ses copains mais il n’ose pas. Pour Noël, ils étaient drôlement contents de voir grands-parents et cousin-e-s via Skype et Messenger. Ils se sont sentis privés de cette fête. Noé a eu très peur de ne pas avoir assez de cadeaux et Joseph était dégoûté de ne pas pouvoir jouer avec ses cousins. Noé parle souvent de sa mamie championne de confitures et de tartes et de son papi qui fait le meilleur riz jaune au poisson qu’il connaisse.
En revanche, on a tous méga progressé dans l’art de faire des rencontres et maintenant on réussit à se donner rendez-vous avec d’autres voyageurs. Ils ont alors de beaux moments de jeux avec des camarades éphémères qu’on retrouvera peut être un jour. Des copains copines de tous les âges avec qui ils partagent des chouettes aventures !

Manu : rien à rajouter. Joseph nous demande parfois est-ce qu’on peut ouvrir la boîte mystère en cas de mal du pays que nous ont offerte des copains…

« Mais où sont passés les cheveux de Noé ? »

Véro : On a passé deux jours de rêve à la source chaude de Thermopyles en décembre, dans un eau ultra calcaire et soufrée. Noé s’est retrouvé les cheveux tout emmêlés et terriblement rêches. On a mis beaucoup d’huile de coco pour venir à bout des nœuds mais les cheveux restaient tout sec. Alors la semaine suivante, en passant devant un coiffeur à Athènes, il a dit « C’est ok, je suis prêt, je veux les couper » On avait tellement peur qu’il regrette ! En même temps, ses cheveux étaient vraiment massacrés. La coiffeuse était top, adorable ! Il a su lui dire exactement ce qu’il voulait! Une nouvelle tête. Il était canon avec ses belles boucles blondes et est maintenant canon avec sa coupe façon Asaaf Avidan.

« Est-ce que vous vous sentez bien dans cette vie de nomade ? »

Véro : C’est le oui qui me vient malgré les moments de galère ! J’adore changer de vue tous les jours, être en mouvement, sur la route. J’adore avoir moins de biens matériels et vivre bien. J’adore le ménage fait en 10mn. J’adore être plus dehors et me balader et visiter. On est heureux de glaner des fruits, se réjouir des cadeaux de la vie. On apprend beaucoup sur nous-même et sur le monde. Parfois, quand on se balade de nuit en ville et que je vois à l’intérieur des maisons éclairées, j’ai un petit pincement au cœur. J’ai envie de mon chez moi, d’inviter du monde, de me pelotonner dans un canapé, de retrouver la routine. Mais ça ne dure pas ! A long terme, je crois que ce qui nous manquerait, ça serait d’avoir une utilité sociale.

Manu : de mieux en mieux je dirais. Le début n’a pas été facile pour moi. C’est plus le fait de me retrouver h24 avec des enfants alors que mon quotidien était un monde d’adulte. Certains comportements d’enfants sont considérés comme de l’agression ou de la provocation quand ils sont faits par un adulte. On a beau le savoir, le vivre quelques heures par jour et le week end, ce n’est pas la même chose que tout le temps. Ce n’est pas le manque d’espace ou le fait de changer tout le temps d’endroit qui a été difficile, c’est la vie avec 2 enfants. Maintenant ça va mieux, j’arrive même à rire des pitreries de Noé !
Il y a toujours un sentiment bizarre, comme un cafard, quand on quitte un endroit où on est resté plusieurs jours parce qu’il faut reprendre la route pour avancer ou parce que l’événement est terminé. Dans ces moment-là, c’est étrange de reprendre la route. Mais la route est méditative, les pensées voyagent et on est déjà dans le prochain lieu.
Voir le monde, avoir une majorité de rencontres de qualité, prendre le temps de se cultiver (au sens de la culture et au sens de prendre soin de soi), c’est plutôt chouette comme vie. A Budapest, on a rencontré notre première famille de fulltimer (ceux qui vivent en nomade), maintenant je comprends pourquoi ils font ce choix, pourquoi ils renoncent à une maison et une carrière. Le goût de la liberté, minimiser les contraintes, remplir sa vie de belles choses, … Personnellement, j’ai besoin de liberté mais aussi de me sentir utile à une communauté, participer à l’Histoire (à mon échelle restons humble), construire le monde d’après, ce qui est plus simple dans la sédendarité.

Les autres épisodes de la série :

Episode 1 : l’idée, le parcours

Episode 2 : le programme, la préparation

Episode 3 : est-ce qu’on pense au retour ? Le chargement du camping-car

Episode 4 : comment se passe l’école en voyage ? Avez vous une journée type ?

Episode 5 : les enfants profitent ? sont-ils les plus heureux du monde ? Est-ce que les copains et la famille leurs manquent ? les cheveux de Noé, la vie nomade.

Episode 6 : Comment c’est les enfants en espace réduit ? le couple 24h/24 ensemble ?

Episode 7 : est ce que notre vision de la vie a changé ? Est-ce qu’on conseillerait ce voyage ? Est-ce qu’il nous manque quelque chose de français ?

Episode 8 : Notre plus gros coup de foudre ? plus grande émotion ? plus belle colère ? plus belle galère ?  image la plus colorée ?

 

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2 Comments

  1. Bonjour les amis, je lis votre journal et vos réflexions autour des 6 mois de votre vie de nomade en famille et je me demande pour ma part si je serais capable de vivre une pareille expérience ?
    Je crois que j’aurais surtout peur de perdre ma liberté d’agir seul, rien que pour moi, ne serait-ce que de courts moments ? Vous autorisez-vous parfois des moments, une journée, rien que pour vous, sans l’autre, sans les enfants , un moment de face à face avec soi même ? Jps

    1. Ca arrive mais c’est rare… trop rare à mon goût ou à mon besoin … Je l’avais identifié comme un facteur sensible mais c’est difficile à tenir quand on bouge tout le temps et qu’on a pas exactement le même caractère… Moi j ai plus besoin de me poser et Vero plus besoin de bouger… Et nous avons pas besoin des memes moments seul, moi ce serait plutôt dans un bar avec du wifi et mon ordi et elle c est plutôt seule en balade dans la nature… quoique j aime bien aussi des fois seul dans la nature pour faire mon Qi Gong ou un calin à un arbre …
      On a surtout des micro moments mais rarement des 1/2 journée ou des journées entières. Mais quand même on essaie de faire un effort pour les programmer…
      Manu

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