La Bosnie du 18 avril au 1er mai 2018 par Véro

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10 Sep

La Bosnie du 18 avril au 1er mai 2018 par Véro

Deux semaines en Bosnie

Un an de voyage en famille à travers l’Europe ! Du 18 avril au 1er mai on découvre la Bosnie  après le Monténégro et avant la Croatie. Découvrez avec nous des cheminées de fées, des étranges pyramides, des vestiges des jeux olympiques, les belles Sarajevo et Mostar, les traces d’une religion perdue, des rivières magnifiques…

Les ceintures sont bouclées ?! Les placards et le frigo sont fermés ?! Les fenêtres et les portes verrouillées ?! Les rideaux sont ouverts ?! Plus rien ne peut tomber ?! Contrôle visuel ok ; Niveaux ok ; eau ok ; vidange ok …

On démarre ! 

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Mercredi 18 avril  : Premier pas en Bosnie… enfin, en République Serbe de Bosnie…

Le temps est à la pluie. Nous entrons en Bosnie, en République Serbe de Bosnie précisément, par le poste frontière de Scepan Polje en provenance du Monténégro par une route percée dans la montagne avec pas moins de 56 tunnels et au bout d’un pont en bois large pour un seul véhicule… Nous avions déjà fait une tentative d’entrée en Bosnie une semaine auparavant mais refoulés pour non présentation de l’original de notre carte verte d’assurance. On croise donc les doigts pour que cette fois-ci on ne nous demande rien. Quand on arrive, les douaniers sont occupés à fouiller de fond en comble une voiture occupée par quatre jeunes autrichiens. On se dit que ça va être quitte ou double pour nous : soit les douaniers sont déjà assez occupés comme ça soit c’est un poste frontière tatillon et en ce cas, on risque d’être encore refoulés… Chance, on passe!! Ouf…. 

La route qui suit est plutôt une piste boueuse pleine de trous. Étrange comme voie frontalière surtout qu’elle est empruntée par pas mal de camions. La route longe la Drina, le canyon a l’air chouette et les stations de rafting me font rêver… Sur la route on trouve aussi pas mal de bâtiments meurtris par la guerre.

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On s’arrête dans la petite ville de Foča pour trouver une carte sim (10 Giga pour 5 € !) et faire quelques courses. Je suis garée comme un pied au milieu des taxis mais ils sont cools. Je papote en anglais avec le chauffeur d’à côté qui est curieux de savoir ce qu’on fait là. Manu revient avec la carte magique et nous achète aussi quelques victuailles bosniennes dont de la viande séchée succulente.

Manu a repéré sur la carte des pyramides intrigantes près de Stovic. On s’embarque sur une piste sans trop savoir où on va et ce qu’on va y trouver. Comme au Kosovo, les petites merveilles semblent se mériter !  La surprise est très sympa : ce sont de jolies cheminées de fées, étonnantes colonnes de concrétions coiffées de roche. On passe la nuit là en espérant découvrir le lieu avec un rayon de soleil le lendemain.

Jeudi 19 avril : Se réveiller au milieu de belles cheminées de fées

bosnieOn est exaucés : on est réveillés par le soleil et les oiseaux qui chantent! Après quelques dernières photos du lieu, on démarre pour rejoindre des voyageurs qui ont eu eux aussi bien du mal à entrer en Bosnie pour la même raison que nous. Hugues, Emmanuelle et Mia et leur chien Goji voyagent en poids-lourd, on s’est rencontré en Grèce à Olympie, on se suit sur Internet et on a hâte de se revoir.

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On se retrouve à Igman Moutains, site de saut à ski des jeux olympiques de 1984. Il y a un immense parking désert au pied des pistes. Ils ont déjà exploré les lieux et ont le courage de regrimper avec nous jusqu’en haut des pistes. J’ai adoré m’asseoir en haut du grand tremplin de saut à ski et me mettre 5mn dans la peau des skieurs oiseaux qui s’élançaient de là!! L’aire d’atterrissage parait minuscule… En bas, il y a encore le podium olympique et on photographie nos enfants champions. 

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On se passe une belle soirée autour de la marmite sur le feu. On aime vraiment discuter avec eux, de notre quotidien, de nos idéaux, de nos choix de vie, de l’instruction et de l’éducation des enfants. Ils sont sincères et cerise sur le gâteau, ils ont de l’humour ! Les enfants eux ont tout l’espace pour faire du vélo et de la trottinette. 

 

Vendredi 20 avril : atterrissage raté à Sarajevo

La journée passe à papoter encore et encore, les enfants jouent, Manu bricole l’interrupteur du robinet de l’évier… En fin d’après-midi, on se décide à démarrer pour descendre à Sarajevo en pensant que ça sera facile de s’y garer après que les travailleurs soient partis. Hélas, c’est une galère sans fin. Les parkings nous refusent sous prétexte qu’on risque de se faire cambrioler dès qu’on va quitter nos véhicules. Toutes les rues sont payantes. Avec nos deux véhicules, on a besoin de beaucoup de places. On tourne et on vire jusqu’à s’enfuir !

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On se dit qu’on retentera notre chance dimanche et on file dans le noir plus au Nord à Visoko, réputée pour ses mystérieuses pyramides. Arrivés là-bas, dur dur de se trouver un bivouac dans le noir. Usés on squatte un parking de bus interdit la nuit… Les enfants sont frustrés qu’on n’ait pas eu de soirée tous ensemble alors on invite Mia à bord pour partager les pâtes avec elle. Avant de s’endormir, on fait quelques recherches internet sur les pyramides. On trouve plein d’explications pseudo scientifiques qui paraissent assez fumeuses. Je ne sens pas cet endroit…

Samedi 21 avril  :  pyramides ou pas pyramides ?

bosnieLes premiers bus arrivent à 7h30!!! Je me gare un peu mieux avant qu’on ne se retrouve coincés. Mais qu’est ce que c’est ce que ce bazar? C’est quoi au juste ces pyramides?? Visiblement, ça draine les foules… Réveillée pour réveillée, j’enfile les baskets et vais explorer les alentours. Je découvre un espèce de tunnel qui entrerait dans une pyramide. Guide et casque obligatoire pour parcourir 100m dans une galerie et une première promesse de réaligner ainsi nos chakras moyennant quelques euros… Visiblement, il faut aussi avoir le porte-monnaie épanoui. Un kilomètre plus loin, je tombe sur une course de motocross et sur le retour, je longe un beau parc sur le thème de la méditation et des énergies. Il y a même un labyrinthe ! Mais je ne vois pas de pyramide. On est entourés de collines boisées. On passe un bon moment dans ce parc tous ensemble. S’il n’y avait pas de bruit de débroussailleuse ou d’odeur de peinture sur le parcours, ça serait plutôt agréable. 

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On fait quelques kilomètres de plus pour se garer au pied de la pyramide du soleil sur laquelle on espère grimper et résoudre le mystère des pyramides. Il fait très chaud alors on se réfugie sous les arbres pour pique-niquer. Emmanuelle et moi partons ensuite faire quelques courses avec leur poids-lourd. On s’est bien marrés en voyant les têtes des passants. Deux femmes seules à bord de ce gros camion, ça ne passe pas inaperçu !! 

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Pour la pyramide, il faut d’abord s’alléger de quelques euros avant d’espérer ressentir les ondes telluriques du sommet… Cette « pyramide » est censée avoir été construite par des « intelligences venues d’ailleurs ». Manu rétorque que si c’est pour faire des bétons aussi médiocres c’est pas la peine de traverser l’univers … Pour lui, il est clair que ce qu’on a sous les yeux est d’origine géologique et non le fruit d’une quelconque intelligence consciente terrestre ou extraterrestre. Ça monte raide, Manu et moi finirons l’ascension en amoureux, enfants confiés aux copains ! Sur le chemin du retour, on croise un « guide », je me permets de l’asticoter sur cette histoire de pyramide, il ne démord pas du discours de son employeur. C’est bizarre, le lieu n’a transcendé personne… Au sommet, la vue est sympathique, c’est déjà ça…Et on s’aperçoit que l ascension par la face opposée est gratuite…

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On se trouve un bivouac bien cool au bord d’une rivière. On commence par ramasser les lingettes et autres détritus, comme d’habitude. Manu confectionne une douche sauvage au bord de la rivière. On se régale du pesto d’ortie préparé par Hugues et on papote, encore, et on s’aperçoit même que Manue connaît la sœur de Manu !

Dimanche 22 avril : Sarajevo, atterrissage réussi !

On retente notre chance à Sarajevo. Comme on est dimanche, il y a de la place dans les rues et le stationnement est gratuit, on profite du bon plan du Cargot Voyageur. On commence la visite de Sarajevo ensemble puis nos 2 familles se séparent un peu pour continuer chacune sa propre visite. C’est pas mal comme ça, ça permet de partager un moment et aussi de faire une visite à son rythme et selon ses habitudes.

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La ville est encore marquée par la guerre de 1992. Sarajevo avait été assiégée par les Serbes. La situation géographique de la ville la rend très vulnérable : elle est au fond d’une vallée, entourée de collines. L’armée de Milosevic n’avait qu’à s’installer tout autour et pilonner la ville. Il y a des lieux de mémoire où se sont déroulés des massacres : le marché, devant la cathédrale catholique, etc. Bien sûr des musées et des expositions entretiennent le souvenir et nous permettent de revenir sur une période difficilement comprise à l’époque. Ces derniers jours Manu se visionne une série de documentaires sur cette guerre.

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On se balade un peu au quartier ottoman puis sur les hauteurs. Un groupe de migrants s’est installé dans un square et une ONG semble prodiguer nourriture et soins. Les routes se fermant pour les migrants, ils tentent d’accéder à l’Europe par les Balkans. La Bosnie n’étant pas dans l’UE et ayant un mode de gouvernement compliquant (3 Présidents : un bosniaque, un croate et un serbe) fortement la prise de décision, les migrants sont épargnés dans ce pays. Enfin un endroit où ils peuvent souffler un peu après avoir été pourchassés en Grèce et avant d’être maltraités en Croatie ou en Hongrie.

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On se retrouve le soir avec Le Voyage de Mia dans un petit resto où il est possible de trouver de la cuisine végétarienne pour nos copains. On se balade ensuite ensemble pour voir Sarajevo de nuit cette fois. En discutant, j’apprends que Hugues a une formation artistique,  on comprend mieux pourquoi il fait de si belles photos sur son compte instagram !

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Lundi 23 avril : les belles sources de la Bosna.

A 8h, un policier informe Hugues qu’on doit vite s’en aller. Ils sont en train de vider le quartier. On est proche d’une ambassade. On se dit vite au revoir. Nos routes se séparent ici. Noé s’est fort attaché à Mia et c’est émouvant de les voir se serrer dans les bras.

On va se poser quelques kilomètres plus loin à la source de la Bosna. Le parking et l’entrée sont payants. Déjà au Monténégro, on avait eu ce genre de déconvenues avec la nature à péage. C’est difficilement compréhensible pour nous. Heureusement, on va vite découvrir qu’en Bosnie, il y a souvent deux entrées aux sites naturels et qu’en observant bien la carte, on peut se balader librement. Et puis on apporte quand même notre contribution a la préservation de ces lieux en ramassant les déchets. Pour la Bosna, il a suffi qu’on se gare à moins d’un kilomètre. Une fois le petit-déjeuner avalé et l’école faite, on va se balader au bord de l’eau. La source jaillit avec un fort débit et se disperse en plusieurs bras. L’eau est parfaitement limpide. L’endroit est reposant. Un petit oiseau marron avec un ventre blanc qu’on n’a pas su identifier nous émerveille : il vole très vite et plonge à pic en un éclair. On fait une belle cueillette d’orties pour le dîner.

On se décide ensuite à revenir sur nos pas en direction des hauteurs de Sarajevo. Le panorama la-haut est très beau. On rencontre des Français qui vivent en Bosnie. Ils ont eu le coup de cœur pour ce pays il y a quelques années et ne reviendraient pour rien au monde en France. Ils nous conseillent de ne pas sortir des sentiers battus car il reste des mines. En se baladant, on découvre les vestiges de la piste olympique de bobsleigh de 1984 : on peut la parcourir à pied de haut en bas. Elle est couverte de tags. Un défi germe dans ma tête : la descendre en trottinette ! Pour l’instant, la priorité est de se trouver un bivouac panoramique pour le coucher de soleil. On est très gâtés, on trouve une toute petite plate-forme en nid d’aigle juste assez grande pour nos 6 roues et la table de camping. Soirée de rêve à cuisiner et papoter sur ce balcon de luxe…

Mardi 24 avril en piste pour expérimenter les pistes de bobsleigh !

L’école d’abord les gars! Et trottinette!! Ouahou, je me lance la première, suivie de Noé… Les freins sont trop faibles, je prends trop de vitesse, aaaaaaaah!!! Pas fière, je réussis à m’arrêter. Noé lui a continué sans sourciller! Inspirés par d’autres voyageurs, on se fait une petite séance photo façon Rasta Rocket. Ça sera un beau souvenir!

En redescendant on passe par la partie Serbe, on s’arrête faire des courses et on tombe sur une autre marmite avec son trépied ! On ne résiste pas à en faire l’acquisition ! Nous voilà bien équipés avec nos 2 marmites, on pense à d’éventuelles grandes soirées marmite avec des copains à notre retour !

On termine la journée aux tremplins de saut à ski où on était avec les copains. On s’est en effet rendu compte qu’on laissé là-bas une pince à feu qu’on aime bien. Hélas, elle n’y est plus mais Manu en trouve une autre ! On finit la soirée blottis ensemble à regarder l’Echappée Belle sur la Bosnie.

 

Mercredi 25 avril  Mostar, phénix des balkans

On se réveille chauffés par le soleil. Notre route du jour longe la Neretva, grand fleuve parsemé de barrages. Après avoir pique-niqué les pieds dans l’eau, nous rejoignons un greeter (un habitant bénévole qui nous guide dans sa ville) à Mostar. C’est la première fois qu’on teste ce mode de découverte et on apprécie vraiment les explications d’Ivan.

Mostar est célèbre pour son pont. Il relie la partie bosniaque/musulmane à la partie croate/catholique. Pendant la guerre, les Croates et les Bosniaques étaient alliés. Puis un revirement a eu lieu et les Croates se sont retournés contre les Bosniaques. Le pont multicentenaire en a fait les frais… Il a bien sûr était reconstruit depuis avec les pierres originales. C’est un haut lieu touristique aujourd’hui et parfois on peut y voir des jeunes plonger du haut de l’arche.

La ville est aussi très marquée par la guerre comme Sarajevo. Les carcasses de bâtiments sont conservées pour le souvenir et parfois même réhabilitées. On trouve aussi quelques bâtiments typiques de l’architecture titiste et des restes de l’influence autrichienne.

Le 25 avril, c’est aussi l’anniversaire de papi moustache, le papa de Manu : 70 bougies qu’on aurait bien aimé souffler avec lui… On se rattrape en lui chantant/braillant « joyeux anniversaire » dans le téléphone. 

Nous nous endormons au bord d’un stade, entre université et mosquée.

Jeudi 26 avril un spot de rêve

Le muezzin local est aussi matinal que les muezzins turcs : pour la grasse matinée, on repassera… Avant de quitter Mostar, on choisit de rendre hommage aux deux camps en grimpant sur la colline côté croate et la colline côté bosniaque. Des deux côtés, on affirme sa présence et sa supériorité à coup de lettres en rochers sur la colline façon Hollywood ou avec une croix gigantesque. Nous, on voit surtout combien les attaques ont dû être violentes.

La chaleur nous fait fuir et rêver d’eau fraîche: direction la source de la Buna ! Il y a là bas, un très beau tekké, un monastère bektashi. Du coup c’est assez touristique mais nous trouvons l’itinéraire bis et nous voilà bien heureux à pique-niquer les pieds dans l’eau fraîche à l’ombre face à la source et au monastère. 

Nous passons ensuite par Citluk, village au milieu de vignobles. Manu investit modestement dans quelques litres de vin rouge bio en biodynamie. 

Encore quelques kilomètres et nous voilà à Lourdes ou presque : Medjugorge est un haut lieu de pèlerinage catholique en Bosnie. La vierge y est apparue plusieurs fois. La chaleur, les innombrables boutiques et hôtels ne nous incitent pas à rester bien longtemps.

Nous atterrissons avec joie dans ce qui semble être un bivouac de luxe à proximité des cascades de Kravica. On est posés au bord de l’eau fraîche. Il y a comme un grand bassin aménagé, alimenté par la rivière, une terrasse et une sorte de restaurant qui a l’air abandonné et qui a été submergé par la rivière. Pas de barrière. On commence par nettoyer les lieux. On est vraiment choqués qu’un si beau lieu puisse être autant souillé. C’est là que la décision est prise de lancer un appel à tous les voyageurs sur les réseaux sociaux pour le nettoyage systématique des bivouacs. Manu suggère à chacun de nettoyer son bivouac et de poster sur les réseaux sociaux une photo du bivouac et des déchets collectés. On espère ainsi sensibiliser à plus grande échelle sur le rôle que chacun peut jouer pour protéger la planète. On se jette ensuite à l’eau, bienheureux de se rincer de la sueur du jour mais l’eau est vraiment glaciale ! On ne craint plus rien au bout de 8 mois de voyage!

Le propriétaire des lieux passe et nous dit que c’est ok qu’on reste là, qu’on est les bienvenus. Il nous explique qu’il commence à remettre le restaurant en état pour la saison. Ça veut dire enlever tout le bois mort, refaire les terrasses, reconstruire tout ce que la rivière a emporté, comme chaque année. Il a l’air sympa, le courant passe bien.

Pour le dîner, on se régale d’une bonne truite pêchée dans la rivière.

Vendredi 27 chez Ljubo

Il fait toujours aussi chaud alors à l’unanimité, on décide de rester ici pour la journée et une deuxième nuit. La journée passe à se baigner, écrire, faire la sieste, pêcher, dessiner en vue de l’anniversaire de Mia (avec qui on était à Sarajevo quelque jours auparavant).

Le propriétaire, Ljubo passe nous voir une fois, deux fois, papote, nous offre une truite… et nous invite à dîner chez lui ! On se régale de sa cuisine mais ce qui restera gravé dans nos cœurs et nos têtes, c’est son récit de la guerre. Il avait la vingtaine quand la guerre a éclaté en Bosnie en 1992. Il parle de lui, de ses 2 blessures, de son habitude de travailler sans relâche pour ne pas sombrer comme ses copains devenus alcooliques. Les autres sont morts dans les combats ou suicidés depuis. Il nous montre des photos de lui en treillis, c’est dans son téléphone comme si c’était arrivé hier. Il craint qu’une nouvelle guerre éclate dans les 10 ans à venir. 

Samedi 28 les belles chutes de Kravica

De bon matin, nous partons à vélo voir les chutes de Kravica, spot emblématique de Bosnie. Rusés comme des Sioux, on trouve l’itinéraire bis. On finit le vélo sur l’épaule dans les buissons, ça râle dans la troupe mais la récompense est top : sur l’autre berge, parkings, barrières, pontons aménagés et touristes tandis que nous sommes comme des Robinsons de notre côté. On finit en slip dans la rivière pour une belle séance photo (photos de cascades hein, pas de nous en tenue d’Eve)

Sur les conseils de Guillaume, un autre voyageur qui nous suit sur Facebook et qui se prépare à partir en Europe avec sa petite famille, nous allons visiter Pocitelj. C’est un village ottoman en amphithéâtre, avec de jolis petits jardins accrochés aux murs de la forteresse.

Nous avions envie de rester encore avec Ljubo alors on ne lui dit pas adieu mais au revoir : on sera de retour le lendemain.

Plus loin, Manu visite seul la nécropole Bogomile de Radimlja. Les enfants dorment, moi j’ai juste envie de savourer le silence, la chaleur est toujours écrasante. 

Heureusement, on se trouve un nouveau bivouac en bord de rivière, la Bregava qui traverse Stolac. Il fait même frais alors c’est soirée ratataouille à la marmite sous les rayons de la pleine lune. 

Dimanche 29, balade à Stolac

On part explorer les environs à vélo. Encore de belles cascades! Pour la plus grande joie des enfants, une tortue terrestre passe juste devant nos pieds. On voit aussi de belles maisons de bois. On se contente d’admirer la forteresse d’en bas, le soleil tape vite trop fort. Dans cette ville aussi les traces de la guerre sont encore présentes : les maisons portent des signes de reconnaissance selon qu’elles étaient habitées par un bosniaque ou un croate…

Par une toute petite route, on arrive en camping-car à la nécropole bogomile à Boljuni. On se réfugie à l’ombre d’un arbre pour pique-niquer et on visite le site en passant d’une ombre à l’autre.

Pour rentrer chez Ljubo, à une trentaine de kilomètres, on choisit de continuer la petite route sur laquelle on est pour longer un lac et des marécages. La route devient vite piste. La piste rétrécit. La carrosserie frotte des deux côtés sur des buissons de garrigue. Les trous et les bosses alternent. Au milieu de nulle-part, on passe sous l’oeil médusé d’un gars qui semble n’avoir jamais vu de camping-car de sa vie. Je rassure Manu en lui disant que tant que la piste reste à plat, c’est gérable. Hélas, 200m plus loin, on se retrouve en bas d’une côte qui mériterait bien quatre roues motrices… glups, totalement impossible de faire demi-tour… Je passe la première comme si j’avais un 4×4 et je parle à Slowpy comme s’il m’entendait: « Allez, tu montes, on le fait, pas le choix, allez tu peux le faire! » Je mise tout sur ma respiration et je m’accroche. A l’intérieur, tout vole: tringles à rideau, vêtements, épices… On ne sait toujours pas comment on a pu se sortir de là. Slowpy est peut être lent mais c’est un incroyable grimpeur de piste. Avec ses 80 chevaux pour 3,5 tonnes, il s’est transformé en super tracteur!

On arrive chez Ljubo complètement moulus et sales jusqu’aux os. La rivière glacée nous accueille comme une mère. Ljubo nous embarque un gros sac de linge sale qu’il nous ramènera le lendemain lavé et séché. On est profondément touchés par sa gentillesse et sa bonté. Au point, qu’on a une idée folle : et si on restait avec lui pour la saison?? Le lieu est parfait, Ljubo très attachant… pffffff, le coeur gros, on laisse la raison prendre le dessus pour continuer notre périple… La Croatie nous attend.

Lundi 30 avril de chez Ljubo au lac Busko

Après une photo avec Ljubo, nous reprenons la route. 

Le goût à rien, on se retrouve à pousser le caddie dans un supermarché. On fait le plein d’ajvar, une sort de crème de poivrons grillés, plus quelques charcuteries.

Notre bivouac suivant nous console un peu : encore un très bel endroit, au bord du lac Busko. Des locaux sont installés là avec tentes et barbecues. L’accueil est chaleureux. Un vieil homme aux yeux d’un bleu incroyable vient nous parler en allemand. Manu fait un feu pour le plaisir de s’y chauffer. 

Mardi 1er mai du lac Busko à Bosansko Grahovo

C’est a priori notre dernier jour en Bosnie. On traîne au lit, je marche au bord du lac avec Noé, on mange les pieds dans le sable, Manu fait un peu de Qi gong face au lac, il aide des Bosniaques à désensabler leur voiture… Puis on s’avance tout doucement vers la frontière. On s’arrête à la petite ville de Livno pour y chercher un coiffeur. Mais on découvre que le 1er mai est férié en Bosnie aussi ! La ville est toute endormie. On se balade au bord de l’eau. « Encore des cascades, supeeer…. » Les garçons sont blasés des cascades…

A force de traîner, on choisit de ne passer la frontière que le lendemain. On traverse donc tout doucement la grande plaine sauvage qui longe la frontière croate jusqu’à Bosansko Grahovo. Cette non-ville frontalière a la charme d’une ville frontalière… On avait imaginé dépenser nos derniers marks dans un restaurant. On choisit le moins pire et on ne l’oubliera pas : palme d’or des plus mauvais cevapi (saucisses de viande hachée) du voyage, baignant dans l’huile, entre deux tranches de pain lui-même huilé… On trinque au Pipi : sorte d’orangeade star des culottes courtes pour son nom forcément hilarant !

On se gare pour la nuit près d’une église. Le voisin passe savoir qui on est et nous dit qu’il est là si on a besoin de quoi que ce soit. Sympa!

Mercredi 2 mai: Croatie

Allez, il est temps de mettre fin à cette transition entre deux pays. On fait le plein d’essence et on achète quelques bricoles à l’épicerie. Direction la Croatie !

Gros coup de cœur pour la Bosnie, avec son histoire bousculée, la guerre encore visible et qui n’en finit pas de planer au-dessus des têtes, la rencontre avec Ljubo, les multiples rivières à truite, les lacs, nos baignades glacées, les bons moments avec Hugues, Emmanuelle et Mia… 

Véro (et un soupçon de Manu)

A paraître bientôt : La Croatie

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